Histoire de la machine à tatouer moderne. 2/3

Histoire de la machine à tatouer moderne. 2/3

Continuons notre fabuleuse Histoire de la machine à tatouer moderne. Dans l’article précédent, nous avons évoqué le fameux stylo électrique d’Edison et le fouloir dentaire de Bonwill qui inspira le brevet de la première machine à tatouer de l’histoire moderne. Découvrons maintenant comment la machine à tatouer à continuer son évolution de l’autre côté de l’Atlantique grâce aux célèbre tatoueurs anglais de l’époque.

Les « bells tattoo machines »

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la plupart des dermographes modernes sont basées sur le mécanisme des machines télégraphiques et des sonnettes de porte électriques.
Actionnées par deux bobines électromagnétiques, ces dernières génèrent un mouvement vibratoire de l’armature qui activent ainsi le va-et-vient de l’aiguille.
Ces mécanismes issus des sonnettes furent à la base de bon nombre des premières machines à tatouer en Europe.
On les nomment à l’époque les « bells tattoo machines »

Mécanisme de sonnette électromagnétique,
catalogue de la société Stanley & Patterson v. 1895.

Cette découverte est une innovation majeure pour le dermographe électrique. En effet, il est facile pour les tatoueurs de démonter les bobines de sonnette. On peut alors les transformer rapidement en machine à tatouer. Il suffit d’ajouter une barre à aiguille, un tube et un support de tube.

Tom Riley et la première machine à tatouer à UNE bobine

L’anglais Tom Riley de Londres, dépose le brevet de sa machine à bobine électromagnétique le 28 décembre 1891, vingt jours après que Sam O’Reilly ait déposé son brevet américain.
La machine de Tom Riley, (inspirée de celle d’Edison) avait une seule bobine et était un ensemble de sonnette de porte modifiée contenu dans un boitier en laiton.

R.S. Harrington tatoué par Tom Riley. The English Illustrated. 1903
R.S. Harrington tatoué par Tom Riley. The English Illustrated. 1903.

Alfred Charles South et la machine à double bobines

7 ans plus tard, le premier dermographe à double bobines, prédécesseur de la configuration moderne, est inventé et brevetée par un autre Anglais : Alfred Charles South de Cockspur le 30 juin 1899.

Sa construction est également basée sur un assemblage de sonnette de porte montée dans un boitier en tôle d’acier équipée de dalles de laiton attachées de chaque côté.
Selon les dire, la machine était très lourde et souvent utilisée avec un ressort attaché au sommet de la machine pour soulager l’utilisateur.

Alfred South avec sa machine à tatouer moderne
Alfred South tatouant le célèbre dresseur de tigre Henry Hendrickson.
The Wide World Magazine. 1906.

Les finitions de George Burchett

George Burchett surnommé le ‘professeur’ puis le ‘King of tatooistet premier tatoueur à apparaître à la télévision, BBC, 1938.
Tatoueur de renom installé à Londres, George Burchett a pu compter parmi ses clients le roi George V, le roi Alfonso XIII d’Espagne et le roi Frédéric IX de Danemark, ainsi que l’élite de la bourgeoisie Londonienne du début du 20ᵉ siècle. Les gens venaient de toute l’Europe et de l’Empire britannique très étendu pour se faire tatouer par lui. Quel BG ce Georgie !

Il a acheté sa première machine à tatouer électrique à Riley et l’a utilisée dans son magasin de tatouage du Mile End au Canada au début du 20e siècle avec un grand succès.

Plus tard, de retour dans son île natale, il en améliore la conception en rajoutant une seconde bobine dans la même configuration qu’Alfred South, l’une derrière l’autre comme dans une machine moderne.
Brevetée à Londres le 13 décembre 1904, il intègre un interrupteur pour arrêter la machine lors du changement de couleur.
Avant cette innovation, les machines à tatouer continuaient à fonctionner jusqu’à ce que la batterie soit déconnectée.
Il ajoute enfin à la machine, un transformateur externe pour permettre de brancher le dermographe à une prise murale en éliminant le verre volumineux et les piles en bois contenant de l’acide sulfurique.
Plus safe.

George Burchett tatouant une jeune femme.
Le ‘Professeur’ à l’ouvrage.

Charles Wagner et la double bobines version US

Bien que les premiers dermographes aient évoluées à grands pas en peu de temps, le deuxième brevet de machine à tatouer américain n’est arrivé que treize ans après le premier.
Il a été déposé le 23 août 1904 par le tatoueur Charles Wagner (1875-1953) de New York, Bowery.
La première machine américaine à double bobines apparait donc cinq ans après le brevet britannique d’Alfred South.

brevets-dermographes-south-wagner
Comparaison des deux version de dermographe à doubles bobines.

L’inspiration est sans aucun doute venue de Thomas Edison et de ses instruments de gravure améliorés car le placement de la bobine et les barres de contact sont très proches dans la conception de celle-ci.
Les deux bobines étaient placées côte à côte comme dans une machine télégraphique et nécessitaient une barre d’armature en forme de croix.
Ce n’était pas une machine simple à fabriquer, mais elle se vendit avec succès aux tatoueurs professionnels et amateurs New-Yorkais.

Charlie Wagner dans son studio utilisant une machine à tatouer moderne
Charlie Wagner dans son studio : 11 Chatham Square, NY

Charles alias Charlie Wagner, apprenti de Samuel O’Reilly (le fameux) a travaillé en étroite collaboration avec lui et profite de son expérience antérieure dans la recherche et l’adaptation des brevets d’Edison.

Le brevet de Wagner revendiquait de nombreuses innovations, notamment un interrupteur marche / arrêt, un réglage de la course via des vis de contact, un étau à tube, et des barres à aiguilles interchangeables.

Les barres à aiguilles sont percées à l’extrémité supérieure, de sorte qu’elles peuvent être détachées ou fixées à un «mamelon» à l’avant et sur le côté de l’armature.
Les barres à aiguilles sont constituées d’aiguilles simples ou multiples, fixées dans un tube ajusté en conséquence, également détachables et maintenues en place par un étau. Selon le texte du brevet, ces dernières modifications permettaient à la même machine d’être utilisée comme traceuse ou comme shader.

Aujourd’hui, plus de 100 ans après l’invention de Wagner, les tatoueurs continuent à utiliser des machines avec le même alignement. En plus d’utiliser la nouvelle machine lui-même, Charlie les a vendues à d’autres tatoueurs, influençant la pratique dans tout New York et au-delà.

Bien joué Charlie.

Belles avancées, néanmoins l’histoire passionnante de la machine à tatouer moderne ne s’arrête pas là.
Retrouvez la suite dans le prochain épisode.

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